La boxe thérapeutique est un dispositif, thérapeutique, que j’ai mis en place en 1996, en travaillant au sein du Ministère de la Justice (Protection Judiciaire de la Jeunesse). L’idée était d’utiliser la boxe comme outil permettant à des jeunes en difficultés, d’exprimer leur souffrance autrement que par la violence et le passage à l’acte. Tout ceci dans un cadre sécurisé et adapté.
Le projet s’est par la suite étendu aux personnels éducatifs eux-mêmes concernés par la violence des jeunes mais aussi confrontés à leur propre violence pas toujours identifiée.
A l’image d’un travail thérapeutique, où sur le divan de l’analyste les « maux » se libèrent par la parole, la boxe thérapeutique permet par la voie de décharge corporelle et le mouvement, une autre forme de libération !
Alors, il est parfois nécessaire de passer par une autre forme d’abréaction, de libération (l’abréaction étant en psychanalyse la brusque libération émotionnelle, l’extériorisation de ce qui a été refoulé ; elle peut se faire par la parole ou les gestes…). Dans une psychothérapie traditionnelle ou sur le divan du psychanalyste, c’est l’abréaction par la « voie » des mots, tandis que sur le « ring » ou l’espace de boxe thérapeutique, c’est par la « voie » du corps, par les gestes, par le mouvement, et la percussion que s’opère la libération. Ensuite, on parle !
Ainsi, la boxe thérapeutique est une forme de travail sur soi, un dispositif au sein duquel les participants peuvent aller explorer leurs émotions et leurs sensations corporelles. Par ce biais, ils parviennent à approcher une partie des anciennes blessures et des souffrances pas toujours identifiées, qu’elles appartiennent au présent ou passé.
Dans ce cadre, aucun coup n’est porté, en tout cas entre partenaires, la sécurité de chacun est à respecter. En revanche, une partie de la séance est réservée à un passage individuel, soit aux « Pattes d’ours » (un outil que nous utilisons normalement pour la préparation de nos boxeurs et où les coups sont portés), soit à l’aide d’un sac de frappe sur pieds adapté. Chaque participant passe l’un après l’autre, et peut frapper, extérioriser, évacuer et même verbaliser sur le moment s’il en éprouve le besoin.
Après avoir mis le corps en tension grâce à des exercices d’échauffement, et y compris des techniques de boxe, chaque participant va explorer son ressenti, ses limites et la part d’ombre qu’il y a en soi, à savoir la violence inhérente à notre condition humaine !
Ensuite, grâce au support contenant et bienveillant du groupe, chacun va essayer de verbaliser, de mettre des mots sur les émotions éprouvées au cours des exercices.
C’est une approche psychocorporelle qui permet quand la parole est bloquée, ou le ressenti « contrôlé », d’ouvrir à une circulation plus libre des émotions grâce à la décharge corporelle. La verbalisation est alors facilitée.
En tout cas, les séances suivantes, invitent-elles les participants à expérimenter en eux une plus grande circulation entre la tête et le corps, une plus libre circulation entre pensées et ressentis.
Différents ateliers utilisant la « boxe thérapeutique et méditation » sont proposés toute l’année. En général, les participants démarrent par l’atelier qui concerne la « quête de ses loups intérieurs », le premier protocole sur les émotions et la compréhension de son mode de fonctionnement.
Par la suite, d’autres thématiques seront abordées, comme le travail sur la confiance en soi, sur les peurs… La programmation est en cours et dépend de notre contexte sanitaire actuel. En effet, pour des raisons de sécurité, le travail de groupe étant soumis à certaines conditions de distanciation, de nettoyage de salle et de matériel, pour le moment les ateliers sont suspendus jusqu’à nouvel ordre.